Le verbe nous est bien connu, au point même qu’il
a largement dépassé le domaine sportif –
auquel je reviendrai dans un instant – pour qualifier
de multiples situations de la vie quotidienne. Qui n’a
pas utilisé l’expression pour caractériser
soit les chances toujours possibles soit le retour effectif
au premier plan de quelqu’un, en apparence brisé
par les événements ou mis à l’écart
par de rapides et sentencieux jugements : « Il rebondira
bien… Il a rebondi… »
On ne compte pas les débats au cours desquels tel
ou tel intervenant « rebondit » sur le propos
précédent, ce qui laisse évidemment supposer
qu’il prendra appui dessus pour relancer, prolonger
ou rehausser ce qu’il vient d’entendre…
Cette sorte de « saute-mouton » des idées
n’étant d’ailleurs pas toujours d’une
grande efficacité…
Eh bien, imaginez-vous qu’ici, je prendrai volontiers
ce verbe au sens premier du terme, et l’utiliserai pour
qualifier la leçon donnée, dans leur parcours,
par certaines équipes de la Coupe du Monde de Rugby…
Leçon dont nous pourrions tirer quelques profits pour
nos institutions et même notre vie personnelle. Cette
leçon peut se résumer en quelques mots simples
– déjà utilisés ici dans des contextes
en apparence moins profanes : rien n’est jamais perdu…
n’anticipez pas trop vite la chute de l’autre…
nous disposons toujours de ressources inattendues…
Car ce qui caractérise le rebond, c’est qu’il
suit un premier bond et qu’il s’inscrit dans une
dynamique de renouvellement. Il ne s’applique, bien
évidemment, qu’à ce qui est déjà
debout ou droit, physiquement ou mentalement. La possibilité
de rebondir, surtout dans les situations de chute ou de découragement,
tient au fait que tout groupe ou individu possède,
en soi et en permanence, des chances immédiates de
redressement, de restauration ou de renaissance.
Je sais bien que les disciplines sportives courent souvent
le risque de viser l’exploit aux dépends de l’équilibre
des personnes. Mais force est de constater que certaines compétitions
nous donnent, à leur manière, quelques leçons,
non seulement de maîtrise de soi, personnelle ou collective,
mais aussi de confiance, de résistance et de défi
face aux prévisions pessimistes, aux jugements partiaux
ou aux capitulations rapides…
La coupe du monde de rugby, quel qu’en soit le résultat,
aura illustré ce constat. Sommes-nous très éloignés
de la sage et spirituelle conviction : « Rien n’est
impossible à ceux qui croient… » ?
Mgr André Dupleix, secrétaire
général adjoint de la Conférence des
évêques de France.
Billet paru dans le Courrier Français, octobre 2007
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