L’église et l’argent
Ce sont les diocèses qui assurent le financement
de leurs activités ; c'est la générosité des
chrétiens qui constitue la très grande
part pour ne pas dire la quasi-totalité des ressources,
et c'est par l'entremise des paroisses que sont collectées
les sommes dont finalement les diocèses disposent.
Chaque diocèse assure les allocations des prêtres
et les rémunérations des personnels laïcs
par le denier de l’Église; et par des collectes
particulières développe des programmes
de constructions de locaux et d’églises,
par exemple, ou bien contribue au financement d'oeuvres
soutenues par l’Église de France ou l’Église
universelle. Ce sont encore les diocèses qui,
par une cotisation annuelle, contribuent à l'organisation
nécessaire de leur collaboration entre eux au
sein de la Conférence épiscopale : secrétariat
général d'une part, fonctionnement des
services pastoraux et aides aux mouvements et associations
de laïcs d'autre part. Les paroisses, quant à elles,
assurent par les quêtes du dimanche, et d'autres
dons, notamment ceux qui sont faits à l'occasion
des célébrations de mariages et d'obsèques,
leur fonctionnement quotidien, et tantôt une part,
tantôt la presque totalité, de certains
investissements nécessaires. On pourrait dire
: un point, c'est tout !
Mais, il faut ajouter : petit à petit, sans faire
tant de bruit, le corps de l’Église se transforme
aussi sur ce plan. La gestion des biens d’Église
est désormais assurée à tous les
niveaux par des personnes rompues aux principes et méthodes
actuels : certaines sont des prêtres, le plus grand
nombre sont des laïcs ou des diacres venus également
du monde de l'entreprise ou de l'administration. .
Et les principes de cette gestion s’énoncent clairement à la
jonction du droit civil français, en tenant notamment compte des
lois qui régissent les rapports entre les Églises et l’État
depuis la séparation de 1905, et du droit de l’Église
selon le code de 1983.
Ces principes peuvent être résumés
ainsi : les biens d’Église sont destinés à l'accomplissement
de sa mission, ils ont été constitués
par les générations successives et ils
sont entretenus et renouvelés en vue de l'activité pastorale
de l’Église. La gestion doit être
prudente, elle est responsable, encadrée et contrôlée
: la responsabilité de l'évêque et
celle du curé sont réelles et personnelles,
mais ils ne peuvent agir sans des conseils constitués
et reconnus. Elle est ecclésiale et grevée
de 1’obligation de solidarité et de partage
avec les autres Eglises au premier chef, et avec les
pauvres en général par l'intermédiaire
d'organismes adaptés.
Ceci s'applique aux diocèses et aux paroisses.
Où l'on voit que dans le cadre de paroisses renouvelées,
d'ensembles paroissiaux regroupant plusieurs anciennes
paroisses devenues trop petites pour vivre, ces principes
ont une réelle validité. La réflexion
sur les biens d’Église et leur usage peut être
le fait d'un plus grand nombre de chrétiens avertis,
ils sont ainsi associés à la responsabilité pastorale
par le biais de ses incidences économiques
La nécessité de cette clarté n’est
pas seulement de l’ordre de la transparence et
de l’honnêteté ; elle ne concourt
pas uniquement à favoriser une sollicitation plus
efficace : elle est une ouverture aux conditions concrètes
de la proposition de la foi dans la société.
Ceux qui participent ainsi à la gestion des biens
d’Église comprennent que l’activité apostolique
et pastorale exige une plus grande fidélité au
réel. Pour proposer la foi il ne suffit pas de
mettre ses mains en porte-voix : il faut des hommes et
des femmes qui doivent vivre ; il faut des moyens matériels,
un certain patrimoine à gérer. Je n’ai
pas besoin d’insister.
Ou plutôt si : nos réalisations continuent
d'être considérable au regard de nos moyens
qui demeurent modestes. C'est que nous ne sommes pas
seulement une Église des pratiquants ; et quand
j'ai parlé de la générosité des
chrétiens, je n’entendais pas seulement
celle de ceux qui "vont à la messe".
Nous ne sommes pas si minoritaires, qu'on s'attache à nous
le démontrer parfois. Nous sommes soutenus, nous
sommes attendus et souhaités, par un grand nombre
d'hommes et de femmes, qui, savent ce que doit notre
société à l'énergie spirituelle
puisée à la source de l’Évangile.
Mgr Laurent Ulrich,
archevêque de Chambéry,
président du Comité permanent pour les affaires économiques.
En savoir plus :
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Les Français, l'Eglise et l'argent
: le Comité permanent pour les affaires économiques
de la Conférence des évêques
de France rend publique une étude d'opinion
sur l'Eglise et l'argent auprès d'un échantillon
représentatif de 800 personnes, avril 2003
. [Télécharger en Zip
ou en doc
- 52 pages] |
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