Le don d'organes : une forme éloquente de fraternité
Appel de la Commission sociale
de l'Episcopat (1996)
Les greffes de tissus et d'organes permettent désormais
de sauvegarder la vie ou d'améliorer considérablement
l'existence de nombreux malades. Mais ne peuvent être
greffés que les tissus et les organes prélevés
sur les personnes décédés (dans
certains cas sur des personnes vivantes). Ces prélèvement
sont aujourd'hui trop peu nombreux. Bien des malades
attendent très longtemps la greffe dont ils
ont besoin. Du fait de cette attente, leur état
peut s'aggraver au point de conduite à la mort,
une mort qui aurait parfois pu être évitée.
L'Eglise catholique comprend qu'on puisse hésiter
à consentir à des prélèvements
après la mort sur son propre corps, et plus
encore sur celui d'un proche parent. Mais elle voit
dans le don de tissus ou d'organes, dans la mesure
où il est décidé librement en
esprit de solidarité avec ceux qui souffrent,
une des formes les plus éloquentes de la fraternité
humaine.
Les organes vitaux ne peuvent être prélevés
que sur des personnes décédées
en état de mort cérébrale, à
la suite d'un grave accident de santé. Ce sont
le plus souvent des personnes jeunes encore, qui pour
la plupart n'ont pas pensé à l'éventualité
d'un tel accident ni fait connaître leur acceptation
ou leur refus de prélèvements. Les médecins
s'adressent alors aux proches parents. Ceux-ci sont
déjà très éprouvés
par la brutalité de l'accident et par cette
mort à laquelle ils n'ont pas eu le temps de
se préparer. Grande est leur souffrance devant
la perspective de prélèvements, d'autant
plus que l'état de mort cérébrale
laisse subsister des apparences de vie. Un tel désarroi,
et peut être aussi une baisse de la confiance
accordée au corps médical, conduisent
aujourd'hui plus qu'un quart des familles à
s'opposer à tout prélèvement.
Nous comprenons cette souffrance. Nous pensons aussi
qu'elle pourrait être moindre si l'éventualité
de prélèvements avait fait auparavant
l'objet d'une réflexion personnelle et d'échanges
en divers lieux, et d'abord au sein de la famille.
Pèserait moins lourd sur les proches parents
le sentiments de leur propre responsabilité
à l'égard des prélèvements
si le défunt avait fait connaître à
l'avance sa volonté de faire son après
sa mort de ses organes (ou de certains d'entre eux).
Nous vous invitons instamment à cette réflexion
personnelle et à ces échanges en famille
et à l'intérieur des communautés,
paroissiales et autres. En lançant cet appel,
nous ne cherchons pas à faire pression sur
les consciences. Nous vous invitons surtout à
prendre conscience que la mort peut frapper chacun
d'entre nous et de nos proches de manière inopinée,
bien avant une vieillesse avancée, et que si
douloureuse qu'elle soit pour ceux qui nous aiment
et que nous aimons, cette mort peut aussi devenir
l'occasion d'un acte de solidarité de très
grande valeur.
De tels échanges requièrent une information
sur la réalité actuelle des prélèvements
et des greffes. Elle peut être obtenue de différentes
sources. Nous mettons à la disposition de chaque
diocèse une note d'information portant sur
les points que nous jugeons essentiels. Puisse-t-elle
aider chacun à s'engager dans une démarche
de vérité, faisant place à la
perspective de sa propre mort et à la souffrance
de ceux qui ne peuvent survivre que grâce à
la solidarité témoignée par autrui.
Mgr Albert ROUET, président
Mgr Gérard DEFOIS
Mgr Louis DUFAUX
Mgr Bellino GHIRARD
Mgr André LACRAMPE
Mgr Jacques NOYER
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